Une application mobile pour contrer les discours extrémistes

19 avril 2018

L'utilisation des médias et de la technologie peut aider à contrer la croissance de l'extrémisme violent. Photo: Freya Morales / PNUD

Accra, Ghana – Une nouvelle application mobile produite par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) en partenariat avec la société de communications Albany Associates, devrait permettre de prendre en compte toutes les voix et les positions des populations locales dans l‘élaboration de contre-discours visant à contrecarrer la propagande extrémiste.

Développée grâce au soutien financier du Gouvernement du Japon, cette application dénommée Contrer les discours extrémistes fournit des conseils aux praticiens du développement et aux spécialistes pour la mise au point de stratégies de communication et d‘interventions efficaces dans la prévention de l‘extrémisme violent.

Cette application, première en son genre, fournit un ensemble complet d‘outils pour les différentes étapes de l‘élaboration de stratégies de communication efficaces, en mettant principalement l‘accent sur des thèmes pertinents en termes d‘analyse, de stratégie et de diffusion de messages.

Elle constitue un guide pratique qui passe en revue, étape par étape, les éléments de communication stratégiques et les concepts de base de la planification des campagnes de contre-propagande destinées à faire barrage au discours extrémiste et intègre un certain nombre d‘études de cas, d‘astuces, de modèles et de ressources en ligne.

L‘un des plus grands défis pour la mobilisation de la société civile en vue de contrer la propagande des groupes extrémistes réside dans la difficulté d‘acquérir une bonne compréhension et une expertise de base sur cette question : alors que de nombreux individus radicalisés semblent disposer de compétences techniques innées, en tant que natifs du numérique, les organisations désireuses de les combattre font souvent montre de lacunes en matière de connaissances stratégiques et témoignent d‘un manque de sensibilisation à l‘importance de la communication, qu‘il s ‘agisse de proposer un discours alternatif à l‘extrémisme ou une lecture du monde qui fasse barrage aux propos véhiculant cette idéologie.

M. Mohamed Ibn Chambas, Représentant spécial du Secrétaire général et Chef du Bureau des Nations Unies pour l‘Afrique de l‘Ouest et le Sahel, a félicité le PNUD pour ses efforts globaux visant à élaborer des programmes spécifiques à la prévention de l’extrémisme dans le cadre d‘une approche de développement durable. « C‘est une innovation qui aidera les parties prenantes dans toute la région à prévenir l‘extrémisme violent. Notre engagement sur cette question nous a appris que la lutte contre l‘extrémisme violent doit être gagnée au niveau local, car la plupart de ses messages sont basés sur les griefs et les revendications des individus vivant dans les communautés concernées », a ajouté M. Chambas

Le vaste corpus de recherches en cours sur l‘extrémisme violent, et en particulier le récent rapport du PNUD, intitulé Sur les chemins de l‘extrémisme en Afrique : moteurs, dynamiques et éléments déclencheurs souligne qu‘un modèle complet de prévention de l‘extrémisme violent doit intégrer des réponses englobant les piliers de la sécurité et du développement mis en avant par les gouvernements concernés, mobiliser les acteurs s‘occupant des questions de sécurité ainsi que les membres des communautés visées en vue de réduire la méfiance et la suspicion mutuelle qui imprègnent leurs relations, et rechercher la participation active des organisations confessionnelles et des organisations qui œuvrent respectivement auprès des jeunes et des femmes.

L‘étude Sur les chemins de l‘extrémisme en Afrique suggère un certain nombre de points d‘entrée potentiels pour l‘élaboration de programmes liés aux activités de communication, tels que :

  • soutenir et amplifier le point de vue des chefs religieux traditionnels, qui mettent publiquement en cause les interprétations erronées de l‘islam et prêchent la tolérance religieuse et la cohésion interconfessionnelle ;
  • tirer parti des points de vue et de l‘expérience d ‘anciennes recrues pour canaliser les contre-messages ;
  • mettre en œuvre des programmes de contre-propagande hautement pertinents pour les cultures locales, valoriser les facteurs et les influences liés aux pairs et veiller à diffuser ces messages sur des DVD, par SMS, à la radio et dans les centres communautaires, en évitant tout recours excessif à Internet et en privilégiant des organisations locales de confiance pour la transmission de ces informations.

M. Lamin Manneh, Directeur du Centre de services régional du PNUD pour l‘Afrique, a déclaré à cette occasion : « Nous contribuons à la prévention de l‘extrémisme violent en appuyant des solutions de développement ciblant les causes profondes et les facteurs structurels de ce phénomène. De 2011 à 2016, l‘extrémisme violent a fait 33 300 morts et provoqué des déplacements de population massifs généralisés, créant ainsi des situations d‘urgence humanitaire critiques et complexes ».

La nature très localisée des méthodes de recrutement mises à jour par les conclusions du rapport Sur les chemins de l‘extrémisme en Afrique entraîne des implications importantes au niveau des stratégies de réponse et de la recherche de solutions adaptées à la situation de l‘Afrique. Selon M. Manneh, « Il est essentiel de tirer le meilleur parti possible des médias et des moyens technologiques actuellement disponibles en vue de contrer la progression de l‘extrémisme violent, tout en contribuant simultanément à la création d‘un environnement réceptif pour tous ceux qui décident de se démobiliser ».

Jem Thomas, directeur du département de formation et de recherche à Albany, a déclaré de son côté : « Nous sommes ravis de collaborer avec le PNUD pour produire une application aussi innovante, qui sert de référentiel permettant de lutter contre l‘extrémisme violent. Nous nous réjouissons à l‘idée que l‘application pourra être bientôt utilisée et nous nous sentons privilégiés de faire partie d‘une cause aussi importante ».

Cette application mobile est destinée à servir de ressource de base aux parties prenantes qui ont l‘intention d‘utiliser des moyens de communication dans le but de contrer et de prévenir l‘extrémisme violent. Lors du lancement, les participants qui comprenaient des représentants de plus de 12 pays subsahariens ont discuté des défis liés à l‘extrémisme violent et notamment des différents contextes propices à sa propagation et des approches adoptées par les acteurs nationaux et internationaux pour développer des outils de lutte contre l‘extrémisme adaptés au contexte de leur pays. Tous ont reconnu que l‘application était destinée à combler les lacunes existantes.

L‘application est désormais disponible gratuitement au téléchargement (en anglais) :

sur Google Play https://goo.gl/ZiKVDf ou Apple https://apple.co/2H374KG