La pandémie de la COVID-19 a mis en évidence le pouvoir du numérique. La technologie numérique et l'innovation pourraient offrir de nouvelles opportunités et de la valeur à ceux qui sont laissés pour compte et contribuer à la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), en particulier pour lutter contre la pauvreté et les inégalités.

Lors de la session du Festival mondial d'action des ODD au Japon, qui s'est tenue du 25 au 26 mars 2021, les panélistes conviés par le PNUD et l'ONUDI ont souligné le potentiel de technologies telles que l'intelligence artificielle, la blockchain, la crypto-monnaie, la réalité virtuelle ou l'Internet des objets, pour accélérer la réalisation des ODD. Mais les progrès technologiques peuvent également engranger de nouveaux défis, car ils peuvent créer de nouvelles inégalités, aggravant l'exclusion des 3,5 milliards de personnes qui n'ont toujours pas accès à Internet aujourd'hui.

Certaines innovations tentent de combler cette lacune, comme le modèle économique de TUMIQUI Smart Kit au Sénégal. Le « kit intelligent », qui combine énergie solaire et fonctions Internet, ne nécessite aucune installation et peut être transporté n'importe où. Il permet à n'importe qui de recharger facilement son téléphone ou son ordinateur et de se connecter à Internet, a expliqué le PDG de Sucrecube Japan Inc., Koichi Sato, qui met en œuvre cette innovation. Le kit utilise des énergies renouvelables et ouvre de nouvelles opportunités pour l'éducation numérique, le transfert de technologie et l'autonomisation des femmes grâce à un accès économique accru, contribuant ainsi aux ODD.

« À l’avenir, nous espérons promouvoir la numérisation dans les secteurs de l’agriculture et de la santé en fournissant aux populations des équipements qui leur permettront d’utiliser des infrastructures électriques et de communication à grande vitesse dans les zones rurales du Sénégal. En outre, de nombreux jeunes sont au chômage, et nous espérons contribuer à créer des opportunités d’emploi grâce à notre partenariat au Sénégal », a déclaré Sato. 

Ada Osakwe, fondatrice de Nuli et Agrolay, une société d'investissement majeure basée à Lagos, au Nigéria, qui octroie des capitaux aux entreprises start-up ayant le potentiel de transformer les écosystèmes, a expliqué que sa première exposition au pouvoir des technologies numériques remonte à 2012. À l'époque, elle travaillait avec le ministère de l'Agriculture du Nigéria pour s'assurer, via la technologie mobile, que 1,5 million d'agriculteurs reçoivent leurs subventions gouvernementales pour les engrais. « Le gouvernement nigérian a économisé 156 millions de dollars cette année-là grâce à l'utilisation des téléphones portables. Pouvoir utiliser les technologies mobiles pour atteindre directement les zones reculées du Nigéria était essentiel pour atteindre notre objectif de transformer la vie des personnes marginalisées. »

Grâce à son travail, Osakwe a réalisé la valeur que peut représenter l'utilisation des données et de la technologie intelligente pour transformer l'agriculture au Nigéria. Un autre exemple est celui des drones utilisant la géolocalisation pour identifier les endroits où des cultures spécifiques doivent être plantées, tandis que la technologie de censure à distance peut être utilisée pour garantir une irrigation adéquate et une application correcte des engrais, ce qui permet une productivité plus élevée et des rendements agricoles accrus.

Co-fondateur de TechShelta, une société de technologie de solutions agricoles basée au Ghana, Gifty Mintaa Quarshie, a déclaré que le changement climatique, le chômage, la pauvreté et la faim sont devenus endémiques au Ghana. « En 2018, mes co-fondateurs et moi-même avons identifié que 70% des serriculteurs étaient incapables de produire les rendements attendus en raison de défis tels que des lacunes dans leurs connaissances ou le manque de marchés et de soutien. Les serres sont censées contribuer à la sécurité alimentaire grâce à une production toute l'année, mais malheureusement, nos serres ont échoué. »

TechShelta a commencé à aider les serriculteurs avec des conseils et des solutions pour assurer une plus grande efficacité, et de meilleurs rendements agricoles et bénéfices. Leur application Web offre des services de conseil à la demande sur l'automatisation, la formation et les liens avec le marché. Quarshie a toujours tenté de résoudre les problèmes, ce qui l’a amenée à tenter de garantir un environnement durable, une meilleure viabilité économique et une plus grande dignité humaine, tout en autonomisant les jeunes et les femmes au Ghana.

« La technologie à elle seule ne résoudra pas les défis auxquels nous sommes confrontés,» a souligné Ryan Takeshita, qui animait la session. « Cependant, les communautés, les ONG, les gouvernements et les entrepreneurs, en travaillant ensemble dans l'utilisation des nouvelles technologies, pourraient aider à trouver des solutions à nos problèmes.»

Tirant parti des leçons partagées lors de cet événement, le PNUD envisage les actions suivantes pour accélérer les ODD:

• Continuer à plaider en faveur de l'utilisation de la transformation numérique et de l'innovation pour amplifier les opportunités et la valeur des services au profit des « laissés pour compte ».
• Impliquer d’autres acteurs de divers secteurs, y compris le gouvernement, les ONG, le secteur privé, les entrepreneurs, les universités et les utilisateurs finaux, afin d’identifier et de discuter des meilleures façons d'appliquer la technologie numérique pour atteindre les ODD.
• Continuer à fournir un soutien programmatique pour l'intensification d'approches innovantes et à établir des partenariats avec divers acteurs du développement, des institutions financières et le secteur privé pour amplifier l'impact de la transformation numérique.
• Utiliser la TICAD (Tokyo International Conference on African Development), que le PNUD co-organise avec le gouvernement japonais, pour positionner la transformation numérique comme catalyseur central pour l'Afrique au-delà du relèvement, et faciliter un engagement multisectoriel et les partenariats en utilisant l'expertise et le réseau du PNUD.