Un Comorien, un arbre. Le gouvernement de l’Union des Comores et le PNUD lancent une initiative de reboisement ambitieuse avec le soutien du FVC et du FEM

14 février 2022

S.E. Azali Assoumani et Fenella Frost lors de la campagne "Un Comorien, un arbre"

8 février 2022, Moroni, Comores - Le gouvernement de l’Union des Comores a lancé en ce début d’année une vaste campagne de reboisement pour protéger les bassins versants et accélérer et concrétiser les ambitions des contributions déterminées au niveau national à l'Accord de Paris.

La campagne « Un Comorien, Un Arbre » est soutenue par le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) à travers des projets sur la résilience au changement climatique financés par le Fonds Vert pour le Climat (FVC) et le Fonds pour l'Environnement Mondial (FEM).

Honorant les engagements annoncés lors des pourparlers sur le climat de l'année dernière à Glasgow, le président des Comores, S.E. Azali Assoumani a lancé l'ambitieuse campagne nationale de reboisement à Ndzouani, Ngazidja et Moheli.

Comprendre le défi

Les effets du changement climatique menacent de nuire aux progrès récents en matière de développement aux Comores, où environ 80 % de la population rurale dépend de l'agriculture pluviale. Les projections des Nations Unies anticipent une réduction potentielle des précipitations en saison sèche pouvant atteindre 47 % d'ici 2090 dans le petit État insulaire en développement, une augmentation des précipitations durant la saison des pluies et des cyclones plus violents.

L'accès aux eaux de surface sur trois des îles des Comores est un défi. L'île principale de la Grande Comore (Ngazidja) n'a pas d'eau de surface, obligeant les villes côtières à exploiter les ressources marginales en eau souterraine.

Les communautés rurales des hautes terres, qui représentent 50 % de la population de l'île, dépendent uniquement de la collecte des eaux de pluie.

Les efforts de reboisement amélioreront l'accès à l'eau, protégeront les écosystèmes vulnérables et appauvris et généreront un bien public essentiel qui profitera à la population des Comores pour les années à venir.

« La plantation d'arbres présente de multiples avantages environnementaux et socio-économiques pour le bien-être du peuple comorien. C'est pourquoi le PNUD et des partenaires tels que le Fonds Vert pour le Climat et le Fonds pour l’Environnement Mondial soutiennent fortement cette initiative gouvernementale et communautaire. Le leadership politique est essentiel pour faire des progrès significatifs ; j'ai été honorée tout au long du mois dernier d'accompagner S.E. le président Azali Assoumani dans tout le pays pour le lancement de la campagne nationale de reboisement - mettant en œuvre les engagements qu’il avait pris lors de la COP26 », a déclaré la représentante du PNUD, Fenella Frost.

La campagne nationale de reboisement a été lancée le 16 janvier dans le Parc National du Mont Tringui sur l'île de Ndzouani ; elle se poursuivra jusqu'en 2025.

L'île de Ndzouani, autrefois connue pour son potentiel en eau de surface et son dynamisme agricole, a perdu plus de la moitié de ses cours d'eau en raison d'un épuisement important de ses ressources. Dans les années 1980, elle avait environ 50 rivières permanentes, alors qu'aujourd'hui, leur nombre est tombé à seulement 10. Les précipitations irrégulières ont encore plus affecté la capacité de collecte des bassins versants de l'île.

Un effort national

La campagne vise à planter 613 000 nouveaux arbres sur 571 hectares de terres à travers le pays. A Ndzouani, 250 000 nouveaux arbres seront plantés sur 167 hectares, à Ngazidja, 347 000 seront plantés sur 300 hectares et à Mwali, 16 000 seront plantés sur 40 hectares. Combinée à d'autres actions favorisant la résilience climatique, la campagne de reboisement offre une approche écosystémique durable qui contribuera à des avantages environnementaux positifs en faveur des communautés locales vulnérables aux crises causées par le changement climatique.

Une semaine après l'événement de Ndzouani, le président Assoumani a lancé l'initiative «Reboisement urbain» dans la capitale Moroni en mettant l'accent sur la plantation d'espèces endémiques.

Le lancement final dans le pays a eu lieu à Fomboni, Mwali, le 29 janvier. De fortes pluies et la déforestation ont causé des dommages irréversibles pour l'environnement et pour l’ habitat dans les environs de la rivière Msoutrouni où le lancement de la campagne a eu lieu.

Le gouverneur de l'île de Moheli, Mohammed Said Fazul, a souligné la nécessité de planter continuellement des arbres et d'en prendre soin et ce, même si Moheli est connue pour son vaste couvert forestier.

« L´année passée, nous avons reçu le certificat de l´UNESCO pour le classement mondial de Mwali comme réserve de biosphère. C´est une reconnaissance de l´exceptionnelle biodiversité marine et terrestre de l´île. Cela implique des efforts de la part des communautés et du gouvernemment pour protéger et restaurer la biodiversité », a déclaré M-Fazul.


Mobilisier les jeunes

Les jeunes des zones voisines de Ndzouani, Ngazidja et Mwali ont rejoint les représentants officiels du Gouvernement et du PNUD lors de l'événement de plantation d'arbres à Ndzouani, démontrant leur désir d'être pleinement inclus dans la préservation et la régénération des ressources naturelles pour leur avenir.

« Je suis très fier de dire que j'ai planté un arbre parce que je sais maintenant qu'il est important d'avoir plus d'arbres dans ma région. J'ai compris que les arbres ne sont pas seulement beaux mais qu'ils peuvent aussi nous aider à avoir plus d'eau, et que nous en profiterons dans le futur », a déclaré Youssouf Ali, 11 ans, de Vouani.

Vaste potentiel

Le chef du village de Sima Boini, au sud de l'île de Ngazidja, a souligné le potentiel médical de certaines plantes.

« Aux Comores, l'arbre appelé mvoudze (Phyllarthron comorense), qui est une espèce endémique, était connu pour faire baisser le cholestérol dans le sang. Il est utilisé en médecine traditionnelle et a toujours été reconnu aux Comores comme un traitement efficace pour de nombreuses maladies. Il est dommage que les jeunes générations ne le connaissent plus ou ne l'utilisent plus », a-t-il déclaré.

Andaliyat Mohammed est conservateur et expert en biologie végétale à l'Herbier national des Comores.

« Les espaces verts dans les villes contribuent non seulement à atténuer les effets de la pollution de l'air en réduisant la formation photochimique d'ozone et de CO2, mais ils réduisent aussi l'effet d’îlots de chaleur urbains des zones bâties et contribuent à réduire la demande d'énergie pour le refroidissement de l'air en fournissant de l'ombre et de l'évapotranspiration. Culturellement, la plantation d'arbres apporte une valeur plaisir à la population tout en lui permettant de redécouvrir des espèces endogènes autrefois répandues sur le littoral de la capitale », a déclaré Mme Mohammed.